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Kinuyo Tanaka is a Actor and Director Japonaise born on 28 november 1909 at Shimonoseki (Japon)

Kinuyo Tanaka

Kinuyo Tanaka
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Nationality Japon
Birth 28 november 1909 at Shimonoseki (Japon)
Death 21 march 1977 (at 67 years)

Kinuyo Tanaka (田中 絹代, Tanaka Kinuyo, 29 November 1909 – 21 March 1977) was a Japanese actress and director.

Tanaka was born in Shimonoseki, Yamaguchi Prefecture, Japan. She became a leading actress at an early age, appearing in Yasujirō Ozu's I Graduated, But... in 1929. The following year she played the lead in Aiyoku no ki, and in 1931 she appeared in Japan's first talkie, The Neighbor's Wife and Mine, directed by Heinosuke Gosho.

She had a close working relationship with director Kenji Mizoguchi, having parts in 15 of his films, including leading roles in The Life of Oharu (1952), Ugetsu (1953) and Sansho the Bailiff (1954). Their working relationship ended when Mizoguchi countered a recommendation from the Directors Guild of Japan for the Nikkatsu studio to hire her as a director. Despite this, the production of her second film as director went ahead, but Tanaka never forgave Mizoguchi, and the reasons for his behaviour are unclear. She also played Noboru Yasumoto's mother in Akira Kurosawa's Red Beard (1965). For her performance in Kei Kumai's Sandakan N° 8 she won the Best Actress Award at the 25th Berlin International Film Festival in 1975. Her last screen appearance was in 1976 in Kei Kumai's Kita No Misaki.

Tanaka was the second Japanese woman who worked as a film director, after Sakane Tazuko (1904‐1975). Her first directing job was on the film Love Letter in 1953, and she made five further films in that role.

Biography

L'enfance et les débuts au cinéma

Kinuyo Tanaka naît en 1909 à Shimonoseki au sud-ouest du Japon dans la préfecture de Yamaguchi, au sein d'une riche famille de négociants. Elle est la plus jeune d'une fratrie de huit enfants. Son père meurt de maladie en janvier 1912. Cinq ans plus tard, les affaires familiales ayant fait faillite, sa mère prend la décision de quitter Shimonoseki avec cinq de ses enfants pour s'installer à Osaka chez son frère, l'oncle de Kinuyo. C'est là qu'elle apprend le biwa alors qu'elle est encore à l'école primaire. À dix ans, elle est surprise en train de lire une partition pendant les cours. Son instituteur la punit en la forçant à rester debout sous la pluie, elle est la risée de ses camarades. Profondément vexée, elle refuse de retourner en classe et quitte l'école avant d'avoir obtenu son certificat de fin d'études primaires.

En 1920, elle rejoint la troupe de son professeur de biwa et se produit sur la scène du Rakutenchi (楽天地) un lieu de divertissement populaire dans le quartier de Sennichimae (千日前) à Osaka. C'est après avoir vu Sumiko Kurishima interpréter le rôle principal dans un film qu'elle décide de devenir actrice de cinéma. Elle entre sur recommandations à la Shōchiku en 1924 et fait ses débuts aux studios Shimokamo à Kyoto, elle a alors quatorze ans. Elle fait une première apparition dans un petit rôle sous la direction de Hōtei Nomura dans La Femme de l'ère Genroku (元禄女, Genroku onna, 1924) puis elle tourne la même année avec celui qui va devenir son mari, le grand cinéaste Hiroshi Shimizu, dans Le Pâturage du village (村の牧場, Mura no bokujo, 1924).


La période du muet

Dès lors, rien n'arrête la jeune comédienne qui, pendant une décennie, tourne dans plus de dix films par an, du milieu des années 1920 jusqu'au milieu des années 1930. Outre Hiroshi Shimizu, qu'elle épouse en 1927 — leur mariage ne durera qu'un peu plus d'un an — et avec lequel elle tourne dix-huit films, deux autres réalisateurs sauront diriger comme personne la nouvelle égérie de la Shōchiku, il s'agit de Kiyohiko Ushihara et de Yasujirō Ozu.

Le premier s'est rendu aux États-Unis en 1926 pour étudier les méthodes de réalisation d'Hollywood et a travaillé sous la direction de Charlie Chaplin. De retour au Japon, il installe Kinuyo Tanaka en partenaire de la star Denmei Suzuki dans des comédies sentimentales urbaines à succès telles que L'Âge de l'émotion (感激時代, Kangeki jidai, 1928) et Lui et la vie (彼と人生, Kare to jinsei, 1929) ou dans L'Armée avance (進軍, Shingun, 1930), une romance à gros budget sur fond de film de guerre, ayant nécessité plus d'un an de tournage, et destinée à célébrer le dixième anniversaire de l'entrée de la Shōchiku dans la production cinématographique.

Le second, Yasujirō Ozu, n'est pas encore le réalisateur internationalement estimé comme celui qui a le mieux dépeint le style de vie traditionnel du Japon. Il est, de ses débuts jusqu'au milieu des années 1930, plutôt reconnu comme un cinéaste à la sensibilité très américanisée, admirateur de réalisateurs américains tels qu'Ernst Lubitsch, King Vidor et William A. Wellman. Yasujirō Ozu fantasme Kinuyo Tanaka en réponse japonaise aux femmes fatales hollywoodiennes. Il tourne avec elle sept films muets, de J'ai été diplômé, mais... (大学は出たけれど, Daigaku wa deta keredo, 1929) à Une jeune fille pure (箱入娘, Hakoiri musume, 1935) en passant par le trépidant film de gangsters Femmes et Voyous (非常線の女, Hijosen no onna, 1933).

En 1929, Kinuyo Tanaka atteint le statut de kanbu (actrice principale dans des petites productions), elle est alors âgée de dix-neuf ans, puis celui de daikanbu, le plus haut rang qu'une actrice puisse atteindre dans l'industrie du cinéma, à l'âge de vingt-cinq ans. Elle est alors envisagée en jeune femme moderne et émancipée, figure régulière des gendaigeki des années 1920 et 1930.


La transition vers le parlant

La rencontre avec Heinosuke Gosho est décisive, leur collaboration a commencé sur le film Les Gens du quartier (街の人々, Machi no hitobito, 1926). Ils tournent ensemble dix-sept films entre 1926 et 1936 et il est le premier à lui offrir un rôle principal dans Un rêve honteux (恥しい夢, Hasukashii yume, 1927). Gosho est l'un des chefs de file du genre shomingeki, il fait de Kinuyo Tanaka la protagoniste de ses fameux films à la gloire des classes moyennes et surtout, il lui permet un passage triomphal au parlant.

En 1931, Heinosuke Gosho réalise Mon amie et mon épouse (マダムと女房, Madamu to nyōbō), le premier film entièrement parlant de l'histoire du cinéma japonais. Kinuyo Tanaka, qui a l'accent du Kansai où elle a été élevée, n'est pas pressentie au départ pour ce premier talkie japonais, mais sa voix douce et séduisante fait finalement l'affaire. Dans cette comédie légère, un dramaturge (Atsushi Watanabe) en quête de quiétude pour travailler à sa pièce est constamment dérangé par les bruits alentour. Excédé par des voisins qui écoutent de la musique jazz très fort, il se rend chez eux pour protester et fait la rencontre d'une jeune femme moderne et américanisée (Satoko Date). Séduit, le dramaturge se met à apprécier cette musique occidentale, ce que ne voit pas d'un très bon œil sa propre femme, interprétée par Kinuyo Tanaka. Finalement le dramaturge parvient à achever sa pièce et à apaiser son épouse. La revue Kinema Junpō désigne Mon amie et mon épouse meilleur film japonais de l'année 1931.

Kinuyo Tanaka tourne dans un autre film parlant réalisé par Heinosuke Gosho où la voix joue un rôle primordial, Les Rêves de la jeune fille mariée (花嫁の寝言, Hanayome no negoto, 1933). C'est une comédie mettant en scène une jeune mariée qui est épiée par les amis de son mari car elle parle dans son sommeil. Ce film, à forte connotation érotique si l'on tient compte de l'époque, obtient un grand succès. Mais pour poursuivre sa carrière, elle s'efforce de se débarrasser de son accent du Kansai.



Notons deux autres films d'importance de cette période charnière : La Danseuse d'Izu (恋の花咲く 伊豆の踊子, Koi no hana saku Izu no odoriko, 1933) d'après une œuvre de Yasunari Kawabata qui conte les amours contrariées entre une jeune saltimbanque et un étudiant en vacances, l'un des meilleurs films de Gosho d'après Tadao Satō et Okoto et Sasuke (春琴抄 お琴と佐助, Shunkinsho: Okoto to Sasuke, 1935) de Yasujirō Shimazu adapté d'une nouvelle de Jun'ichirō Tanizaki où Kinuyo Tanaka interprète une joueuse de koto aveugle, fille d'un riche négociant ayant une relation trouble avec un employé de son père.

Avec la généralisation du parlant, la Shōchiku quitte ses studios de Kamata à Tokyo en 1936 pour s'installer à Ōfuna dans la préfecture de Kanagawa, car il faut des studios plus grands et plus calmes pour les prises de son. Les principales stars féminines de la Shōchiku sont alors Kinoyo Tanaka, Hiroko Kawasaki, Michiko Oikawa, Michiko Kuwano, Kuniko Miyake, Mieko Takamine et Michiyo Kogure.

Kinuyo Tanaka quant à elle déménage à Kamakura dans une maison proche des nouveaux studios. Elle héberge la toute jeune actrice Hideko Takamine, alors âgée de douze ans, pendant la durée du tournage du film en deux parties dont elles partagent l'affiche : Le Nouveau Chemin : Akemi (新道・朱実の巻, Shindo: Akemi no maki, 1936) et Le Nouveau Chemin : Ryota (新道後篇, Shindō: Kohen Ryota no maki, 1936) de Heinosuke Gosho.


Les années de guerre : 1937-1945

Au cours des années 1930, l'actrice est si populaire que son prénom figure sur plusieurs titres de films : L'Histoire de Kinoyo (絹代物語, Kinuyo monogatari, 1930) de Heinosuke Gosho ainsi que Docteur Kinuyo (女医絹代先生, Joi Kinuyo sensei, 1937) et Le Premier Amour de Kinuyo (絹代の初恋, Kinuyo no hatsukoi, 1940) de Hiromasa Nomura.

En 1938, elle interprète, dans La Mère et l'enfant (母と子, Haha to ko) de Minoru Shibuya, la fille de la maîtresse d'un directeur d'entreprise qui refuse de se marier avec un employé plein d'avenir et de suivre la voie de sa mère. La même année, dans Katsura, l'arbre de l'amour (愛染かつら, Aizen katsura) de Hiromasa Nomura, elle joue le rôle d'une infirmière amoureuse d'un médecin avec lequel elle n'a que des rendez-vous manqués et qui devient chanteuse de music-hall. Au départ, c'est l'actrice Mieko Takamine qui devait interpréter le rôle principal mais Shirō Kido, le président des studios Ōfuna de la Shōchiku, use de son influence pour imposer Kinuyo Tanaka. Malgré des critiques réservées, Katsura, l'arbre de l'amour est un immense succès, selon Jean Tulard, c'est l'un des deux mélodrames qui a le plus marqué le Japon. C'est aussi, à l'époque de sa sortie, le film japonais qui a rapporté le plus d'argent, si bien que deux suites voient le jour : Zoku aizen katsura (続愛染かつら, 1939) puis Aizen katsura: Kanketsu-hen (愛染かつら 完結篇, 1939).

En 1937 a commencé la seconde guerre sino-japonaise et le 1er octobre 1939 est mise en application au Japon la loi sur le cinéma qui vise à placer toute la création cinématographique sous le contrôle du gouvernement. Kinuyo Tanaka n'échappe pas au cinéma de propagande et la voilà propulsée dans différents haha-mono (litt. « films de mamans »), destinés à consoler les mères qui voient leurs fils enrôlés dans l'armée impériale et partir au front. La scène cruciale dans L'Armée (陸軍, Rikugun, 1944) de Keisuke Kinoshita est celle qui clôt le film où le régiment de Fukuoka traverse la ville pour partir à la guerre. Dans la foule en liesse qui pousse des cris de joie, une mère angoissée, interprétée par Tanaka, marche aux côtés de son fils qui défile. Cette mère est si clairement bouleversée que cette séquence a failli être coupée par la censure.

L'année 1940 marque la date de la première collaboration entre Kinuyo Tanaka et Kenji Mizoguchi, arrivé à la Shōchiku l'année précédente, dans La Femme de Naniwa (浪花女, Naniwa onna). Ce film, considéré comme perdu, se situe dans le monde du jōruri (spectacle traditionnel de marionnettes japonais accompagné au shamisen). Le cinéaste et l'actrice vont tourner quinze films ensemble et c'est dans l'immédiat après-guerre que le duo va commencer à bâtir son « grand œuvre » qui leur vaudra une reconnaissance internationale.


L'après-guerre

Dès 1945, l'armée d'occupation américaine entreprend la démocratisation des médias et de l'industrie cinématographique du Japon. Un bureau spécial est créé, la Section d'information et d'éducation civiques (Civil Information and Education Section ou CI&E) qui compte au nombre de ses tâches l'examen des scénarios nouveaux et le compte rendu des produits achevés.

Dans ce contexte, Kinuyo Tanaka interprète le rôle d'une avocate qui défend une mère infanticide dans La Victoire des femmes (女性の勝利, Josei no shōri, 1946) de Kenji Mizoguchi, un plaidoyer féministe très marqué par l’immédiate après-guerre. La collaboration entre le cinéaste et l'actrice se poursuit avec Cinq femmes autour d'Utamaro (歌麿をめぐる五人の女, Utamaro o meguru gonin no onna, 1946), L'Amour de l'actrice Sumako (女優須磨子の恋, Joyū Sumako no koi, 1947) et Femmes de la nuit (夜の女たち, Yoru no onnatachi, 1948).

Le 21 octobre 1949, Kinuyo Tanaka part pour un voyage aux États-Unis en ambassadrice de bonne volonté. Elle y rencontre Bette Davis, Joan Crawford, Elizabeth Taylor, John Wayne ou encore Nancy et Ronald Reagan. Cette visite est très commentée au Japon et à sa grande surprise, son séjour américain est très mal perçu par la presse du Japon occupé, d'autant que l'actrice en revient habillée à l'occidentale et gratifie les journalistes d'un « hello » à sa descente d'avion le 19 janvier 1950. Elle se voit affubler du sobriquet de ameshon joyū et subit les foudres de l'opinion publique au point, confiera-t-elle, de penser au suicide.

Elle décide alors de quitter la Shōchiku, la société de production avec laquelle elle est sous contrat depuis ses débuts en 1924 et avec laquelle elle a tourné dans près de 200 films, pour travailler désormais en indépendante et ainsi avoir la possibilité de choisir les réalisateurs avec qui elle souhaite collaborer. Nous sommes à l'aube des années 1950, la période la plus prospère et la plus glorieuse du cinéma japonais, celle qui marque un nouvel âge d'or de son histoire.


L'âge d'or du cinéma japonais des années 1950

Désormais libre de choisir avec qui elle travaille, Kinuyo Tanaka entame, pour la Daiei et la Shintōhō, une impressionnante série de grands films où se conjuguent les talents d'un grand scénariste (Yoshikata Yoda), d'un chef opérateur de génie (Kazuo Miyagawa), d'un immense cinéaste (Kenji Mizoguchi) et de son actrice, avec Miss Oyu (お遊さま, Oyū-sama, 1951), La Vie d'O'Haru femme galante (西鶴一代女, Saikaku ichidai onna, 1952), Les Contes de la lune vague après la pluie (雨月物語, Ugetsu monogatari, 1953) et L'Intendant Sansho (山椒大夫, Sanshō dayū, 1954). Ces trois derniers films sont récompensés trois années de suite à la Mostra de Venise, apportant ainsi une reconnaissance internationale à Kenji Mizoguchi et à Kinuyo Tanaka. Son interprétation dans La Vie d'O'Haru femme galante en particulier résonne comme un condensé en un seul film des rôles emblématiques de la comédienne : tour à tour noble dame de cour, amante, mère, geisha, épouse d'un homme de la classe moyenne, prostituée et enfin pèlerin. Les rumeurs courant sur une relation amoureuse entre Kinuyo Tanaka et Kenji Mizoguchi viennent encore renforcer le mythe du « cinéaste et de sa muse », bien que la comédienne ait toujours nié l'existence d'une telle liaison romantique.

L'actrice travaille avec les plus grands réalisateurs de cette période : elle retrouve Yasujirō Ozu dans Les Sœurs Munakata (宗方姉妹, Munakata kyōdai, 1950) et Fleurs d'équinoxe (彼岸花, Higanbana, 1958), le premier film en couleurs du réalisateur, ainsi que Heinosuke Gosho dans Là d'où l'on voit les cheminées (煙突の見える場所, Entotsu no mieru basho, 1953). Elle collabore avec Mikio Naruse dans Le Fard de Ginza (銀座化粧, Ginza keshō, 1951), La Mère (おかあさん, Okaasan, 1952), l'un des meilleurs films du réalisateur selon Tadao Satō, et Au gré du courant (流れる, Nagareru, 1956), puis avec Kaneto Shindō dans La tristesse est aux femmes (悲しみは女だけに, Kanashimi wa onna dakeni, 1958).

En 1958, Keisuke Kinoshita lui offre l'un de ses plus beaux rôles dans La Ballade de Narayama (楢山節考, Narayama bushiko), une adaptation dans le style du kabuki et accompagnée de musique de jōruri, du roman de Shichirō Fukazawa, lui-même basé sur une vielle légende populaire. Elle y interprète le rôle d'une vieille femme pauvre qui accepte joyeusement de se plier à la coutume qui veut que les vieillards du village ayant atteint l'âge de soixante-dix ans soient abandonnés dans la montagne pour y mourir. Alors âgée de quarante-huit ans, elle se fait retirer quatre implants dentaires pour incarner ce personnage de vingt ans son aîné, témoignage s'il en est de la passion avec laquelle l'actrice exerce son art. Le journal Kinema Junpō lui décerne le prix de la meilleure actrice de l'année 1958 pour cette interprétation.

Durant les années 1950, la filmographie de Kinuyo Tanaka est vertigineuse tant elle compte d’œuvres majeures du cinéma japonais classique.


Le passage à la réalisation

Au début des années 1950, Kinuyo Tanaka envisage de passer de l'autre côté de la caméra. En 1952, elle demande à Mikio Naruse de l'engager comme assistante sur le film Frère aîné, sœur cadette (あにいもうと, Ani imōto), afin de se perfectionner dans son nouveau métier.

En 1953, de retour d'un voyage à Paris, Kenji Mizoguchi refuse à Kinuyo Tanaka de signer une lettre de recommandation d'usage pour qu'elle fasse ses débuts de cinéaste malgré une collaboration riche de quinze films, marquant ainsi la brouille entre Kinuyo et le réalisateur. Mais à l'exception de Kenji Mizoguchi, la plupart des grands réalisateurs apportent leur plein concours à cette nouvelle orientation de carrière.

Lorsqu'elle réalise finalement son premier film, Lettre d'amour (恋文, Koibumi, 1953), Kinuyo Tanaka devient la seconde femme à passer à la réalisation de l'histoire des studios japonais, après Tazuko Sakane qui a réalisé un film en 1936 et une dizaine de documentaires en Mandchourie durant la Seconde Guerre mondiale. Dans une interview donnée à la revue Kinema Junpō, elle déclare « Maintenant qu'il y a également des femmes élues à la Diète du Japon, j'ai pensé que ce serait une bonne chose qu'il y ait aussi au moins une femme réalisatrice ».



Kinuyo Tanaka est sans aucun doute la première réalisatrice à avoir une carrière commerciale, elle est aussi la seule femme cinéaste active durant l'âge d'or du cinéma japonais des années 1950. Son statut de star donne de la visibilité à ses films et lui permet de travailler, pour cinq d'entre eux, avec les grands studios japonais que sont la Shintōhō, la Nikkatsu, la Daiei et la Tōhō. Seul son dernier film est produit par une société de production indépendante : le Ninjin Club, fondée par les actrices Keiko Kishi, Yoshiko Kuga et Ineko Arima, qui vise à garantir la liberté de travail des acteurs face aux contraintes des grands studios.

Pour les six longs métrages qu'elle réalise entre 1953 et 1962, Kinuyo Tanaka s'entoure des plus grands : Keisuke Kinoshita, Yasujirō Ozu ou Natto Wada au scénario, Yoshiko Kuga ou Machiko Kyō dans la distribution. Son cinéma est résolument un cinéma « au féminin », faisant la part belle aux actrices et aux grands sujets. Lettre d'amour (恋文, Koibumi, 1953) aborde le thème des conséquences de la guerre sur les relations sentimentales. La lune s'est levée (月は昇りぬ, Tsuki wa noborinu, 1955) est un drame familial centré sur trois sœurs. Maternité éternelle (乳房よ永遠なれ, Chibusa yo eien nare, 1955) s'inspire de la vie de Fumiko Nakajō, poétesse waka morte à 31 ans d'un cancer du sein. La Nuit des femmes (女ばかりの夜, Onna bakari no yoru, 1961) parle des centres de réinsertion pour anciennes prostituées et de la difficulté pour elles de se réintégrer dans la société. Enfin La Princesse errante (流転の王妃, Ruten no ōhi, 1960) et Mademoiselle Ogin (お吟さま, Ogin-sama, 1962) dressent le portrait de femmes écrasées par les machinations de l'histoire.


La fin de carrière
À partir des années 1960, la carrière de Kinuyo Tanaka est déclinante. Elle se tourne principalement vers la télévision et ne fait plus que quelques apparitions dans des seconds rôles chez Mikio Naruse dans Chronique de mon vagabondage (放浪記, Hōrōki, 1962), chez Kon Ichikawa dans Seul sur l'océan Pacifique (太平洋ひとりぼっち, Taiheiyō hitori-botchi, 1963) ou chez Akira Kurosawa dans Barberousse (赤ひげ, Akahige, 1965).

C'est en 1974 qu'elle fait un retour fracassant sur les écrans dans Sandakan N° 8 (サンダカン八番娼館 望郷, Sandakan hachibanshōkan bōkyō) de Kei Kumai qui lui vaut un Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale 1975 ainsi que deux prix de la meilleure actrice décernés par les revues Kinema Junpō et Mainichi Shinbun. Kinuyo Tanaka interprète le rôle d'une karayuki-san (唐行きさん, littéralement « celles qui sont parties au-delà des mers ») à présent âgée qui est interviewée par une journaliste. Sa triste histoire en tant que prostituée dans un bordel de Bornéo est racontée en flash-back. Le film est une forte condamnation de la politique japonaise de fournir des « femmes de réconfort » aux troupes impériales durant la Seconde Guerre mondiale.

La même année, elle joue dans Trois vieilles dames (三婆, Sanbaba) de Noboru Nakamura, une tragi-comédie autour d’une affaire d’héritage sur la peur de vieillir et le temps qui passe. Le film réunit trois actrices de renom de l’âge d’or des années 1950, Kinuyo Tanaka, Michiyo Kogure et Aiko Mimasu, assumant pleinement leur rôle.

En 1975 elle fait partie des personnes interviewées dans le documentaire Kenji Mizoguchi ou la vie d'un artiste (ある映画監督の生涯 溝口健二の記録, Aru eiga-kantoku no shōgai Mizoguchi Kenji no kiroku) que Kaneto Shindō consacre au réalisateur.

Elle apparaît une dernière fois au cinéma dans La Berceuse de la grande terre (大地の子守唄, Daichi no komoriuta, 1976) de Yasuzō Masumura. En janvier 1977 Kinuyo Tanaka est conduite à l'hôpital, elle meurt le 21 mars 1977 des suites d'une tumeur du cerveau à l'âge de 67 ans. Ses funérailles officielles, en tant que membre de l'industrie cinématographique se déroulent au temple Tsukiji Hongan-ji de Tokyo et rassemblent 5000 personnes. Conformément à ses dernières volontés, ses restes sont portés dans la tombe familiale de Shimonoseki.

Considérée comme l'une des plus grandes actrices japonaises, elle est apparue dans plus de 250 films entre 1924, année de ses débuts, et 1976. Seconde femme cinéaste au Japon, elle a réalisé six films, sortis entre 1953 et 1962. Sa carrière, dont la portée non seulement cinématographique mais aussi culturelle, est encore peu reconnue en Occident et n'a peut-être pas encore été pleinement explorée au Japon.



Sélection de scènes de films avec Kinuyo Tanaka dans les années 1920-1930



J'ai été diplômé, mais... (1929).







L'histoire de Kinuyo (1930).







Mon amie et mon épouse (1931).







La Danseuse d'Izu (1933).







Okoto et Sasuke (1935).







Le Nouveau Chemin (1936).




Usually with

Chishū Ryū
Chishū Ryū
(18 films)
Yasujirō Ozu
Yasujirō Ozu
(11 films)
Kenji Mizoguchi
Kenji Mizoguchi
(15 films)
Heinosuke Gosho
Heinosuke Gosho
(12 films)
Yoshikata Yoda
Yoshikata Yoda
(14 films)
Source : Wikidata

Filmography of Kinuyo Tanaka (77 films)

Display filmography as list

Actress

The Travels of Kinuyo Tanaka, 31minutes
Directed by Kinuyo Tanaka
Origin Japon
Genres Documentary
Actors Kinuyo Tanaka, Bette Davis, Joan Crawford, Elizabeth Taylor, John Wayne, Joe Pasternak
Roles Self (archive footage)
Rating83% 4.1777954.1777954.1777954.1777954.177795
Cape of the North, 1h53
Directed by Kei Kumai
Origin Japon
Genres Drama, Romance
Actors Claude Jade, Gō Katō, Kinuyo Tanaka
Roles Old Nun
Rating68% 3.4114053.4114053.4114053.4114053.411405
Le film, tiré d'un roman de Kunio Tsuji, traite du rapport existant entre les pays riches et ceux du tiers-monde ; au centre : Marie-Thérèse, une religieuse missionnaire suisse, qui rencontre un ingénieur japonais à bord d'un navire reliant Marseille à Yokohama. L'histoire d'un amour impossible.
Lullaby of the Earth, 1h51
Directed by Yasuzō Masumura
Origin Japon
Genres Drama
Actors Meiko Kaji, Mieko Harada, Natsuko Kahara, Eiji Okada, Kinuyo Tanaka
Roles la femme qui offre le riz et les clochettes à Rin
Rating68% 3.424453.424453.424453.424453.42445
The story of an orphan girl, brought up in naive, rustic innocence by an elderly relative, who is suddenly exposed to the brutality, greed and deceptiveness of the outside world when her grandmother dies. Notwithstanding her healthy distrust of all strangers, which her upbringing instilled in her, it is not long before a cunning racketeer finds her weak point, that temptation which she cannot resist, that weakness, different as it may be, that each of us has, and brings her into his power. What follows is a depiction of her cruel descent into the depths of moral decay, as she becomes a collaborator in a system of exploitation, unbridled lust, vanity, and greed, in which she and other victims are always the losers.
Sandakan No. 8, 2h1
Directed by Kei Kumai
Origin Japon
Genres Drama, War, Historical
Themes Films about sexuality, Erotic films, Films about prostitution, Erotic thriller films
Actors Kinuyo Tanaka, Komaki Kurihara, Ken Tanaka, Takiko Mizunoe, Eitarō Ozawa, Teruko Kishi
Roles Old Osaki
Rating74% 3.7352053.7352053.7352053.7352053.735205
A young female journalist Keiko Mitani (Komaki Kurihara) is researching an article on the history of Japanese women who were forced to work as prostitutes in Asian brothels during the early 20th century. She locates Osaki (Kinuyo Tanaka), an elderly woman who lives with a number of cats in a shack in a remote village. Osaki agrees to tell her life story, and the film goes into flashback to the early 1920s. A young Osaki (Yoko Takashi) is sold by her poverty-stricken family into indentured servitude as a maid in Sandakan, British North Borneo (today’s Sabah, Malaysia) at what she believes to be a hotel. At parting, Osaki's distraught and tragic mother gives her a kimono that she has woven by hand over the night before her daughter's departure. The kimono will be Osaki's most treasured possession forever. The establishment is actually a brothel called Sandakan No. 8. Osaki, who is sold as a young girl, works for two years as a maid, but is forced by the brothel’s owners to become a prostitute. Osaki stays at Sandakan 8 until World War II, and in that period she never experiences genuine affection outside of a brief romance with a poor farmer who abandons her when he comes one evening to the brothel and sees the disheveled and exhausted Osaki after an onslaught of service to a battalion of Japanese sailors recently docked at the town. When Osaki returns to Japan, her brother and his wife, who have bought a house with the money she sent them, tell her that she has become an embarrassment.
Tora-san's Dream-Come-True, 1h35
Directed by Yōji Yamada
Genres Comedy
Actors Kiyoshi Atsumi, Kaoru Yachigusa, Chieko Baishō, Masakane Yonekura, Kinuyo Tanaka, Tatsuo Matsumura
Roles the old family mistress
Rating67% 3.363253.363253.363253.363253.36325
When Tora-san returns to visit his family, he is surprised to find an arrogant professor occupying his room. The professor and Tora-san become rivals for the affection of Chiyo. Both lose, and the professor leaves for America while Tora-san returns to his travels.
Red Beard
Red Beard (1965)
, 3h5
Directed by Akira Kurosawa
Origin Japon
Genres Drama
Themes Medical-themed films, Seafaring films, Sports films, Transport films, Martial arts films
Actors Toshiro Mifune, Kinuyo Tanaka, Takashi Shimura, Yūzō Kayama, Kyōko Kagawa, Chishū Ryū
Roles Madame Yasumoto
Rating82% 4.147474.147474.147474.147474.14747
The film takes place in Koishikawa, a district of Edo (the former name of the city of Tokyo), in the 19th century. Young Dr. Noboru Yasumoto (Yūzō Kayama) is the film's protagonist. Trained in a Dutch medical school in Nagasaki, the arrogant Yasumoto aspires to the status of personal physician of the Shogunate, a position currently held by a close relative; his father is already a well-established, highly competent physician. Yasumoto believes that he should progress through the safe, and well-protected, army structure of medical education. However, for Yasumoto's post-graduate medical training, he has been assigned to a rural clinic under the guidance of Akahige ("Red Beard"), Dr. Kyojō Niide (played by Toshiro Mifune). Dr. Niide may seem like a tyrannical task master, but in reality he is a compassionate clinic director. Initially, Yasumoto is livid at his posting, believing that he has little to gain from working under Akahige. Dr. Yasumoto feels that Dr. Niide is only interested in his medical notes and soon rebels against the clinic director. He refuses to wear his uniform, disdains the food and spartan environment, and enters the forbidden garden where he meets "The Mantis" (Kyōko Kagawa), a mysterious patient that only Dr. Niide can treat.
The Scent of Incense, 1h28
Directed by Keisuke Kinoshita
Origin Japon
Genres Drama
Actors Mariko Okada, Nobuko Otowa, Kinuyo Tanaka, Haruko Sugimura, Gō Katō, Tomoko Naraoka
Roles Tsuna
Rating70% 3.5202653.5202653.5202653.5202653.520265
Après que sa mère a fui la maison, Tomoko est élevée pour devenir une geisha. Un jour, Tomoko rencontre sa mère dans un quartier mal famé de Tokyo et sa vie s'en trouve profondément bouleversée.
Alone Across the Pacific, 1h37
Directed by Kon Ichikawa
Origin Japon
Genres Adventure
Actors Yujiro Ishihara, Masayuki Mori, Kinuyo Tanaka, Ruriko Asaoka, Hajime Hana, Shirō Ōsaka
Roles Youth's Mother
Rating69% 3.4860253.4860253.4860253.4860253.486025
Yujiro Ishihara is a young yachtsman who impulsively decides to sail across the pacific to San Francisco. On the way he encounters a ship with American passengers. He talks to them in broken English and realises that he does not have a passport. On landing in San Francisco, he receives a hero's welcome, but is scolded by the Japanese consulate.
A Wanderer's Notebook, 2h4
Directed by Mikio Naruse
Origin Japon
Genres Drama
Actors Hideko Takamine, Akira Takarada, Daisuke Katō, Kinuyo Tanaka, Yumi Shirakawa, Keiju Kobayashi
Roles Kishi, Fumiko's mother
Rating75% 3.7707153.7707153.7707153.7707153.770715
Fumiko Hayashi (Hideko Takamine) is a young woman can't find a decent job, meanwhile being dumped by her boyfriend and writing on the side. People say her writing on poverty is good, but she can't sell it and continues with dead end factory and bar hostess jobs and occasional heavy drinking. She gets together with another aspiring writer Fukuya (Akira Takarada) who can't sell his work either. Despite she doing all she can for him and his disease tuberculosis, he abuses her verbally and eventually physically. She walks out, comes back, walks out again. A kind man, Nobuo Sadaoka (Daisuke Katō) helps her occasionally, but she rejects his proposal. After these struggles, the film ends up with her literary success.
Her Brother, 1h38
Directed by Kon Ichikawa
Origin Japon
Genres Drama
Actors Keiko Kishi, Kinuyo Tanaka, Hiroshi Kawaguchi, Masayuki Mori, Kyōko Kishida, Jun Hamamura
Roles Mother
Rating68% 3.437823.437823.437823.437823.43782
Hekiro et Gen sont frère et sœur, ils s'entendent bien malgré un foyer peu chaleureux. Le père, un écrivain qui connait un certain succès, passe ses journées enfermé dans son bureau à travailler ses manuscrits. La belle-mère, une bigote chrétienne, est atteinte d'une forme sévère de rhumatismes qui la fait souffrir du pied et de la main gauche. Gen est une jeune fille au fort tempérament et responsable, elle supplée sa belle-mère handicapée dans les tâches quotidiennes et s'occupe avec affection de son frère Hekiro. Ce dernier, ne trouve pas sa place dans ce foyer et fait les 400 coups, entre bagarres au lycée, vol, dettes qu'il contracte dans une salle de billard ou chez un loueur de hors-bord. Cependant, malgré la confiance entre frère et sœur, certains problèmes surgissent. Quand Hekiro est atteint d'une tuberculose incurable, il s'attriste de voir sa sœur envisager de se marier. Le jour de sa mort, elle tâche de supporter courageusement le chagrin et la fatigue.
Chikamatsu's Love in Osaka, 2h4
Directed by Tomu Uchida
Origin Japon
Genres Drama, Historical, Romance
Themes Théâtre, Films based on plays
Actors Kinnosuke Nakamura, Ineko Arima, Chiezō Kataoka, Minoru Chiaki, Kinuyo Tanaka, Eitarō Shindō
Roles Myokan
Rating71% 3.5949753.5949753.5949753.5949753.594975
Chubei a été adopté dans la famille Kameya, qui possède une maison de courrier à Osaka. Ces établissements sont notamment chargés d'assurer le transport de sommes d'argent qui leur sont confiées. Chubei est un jeune homme travailleur et naïf, destiné à devenir l'héritier de la maison Kameya et doit épouser Otoku, la fille de la propriétaire. Après une réunion avec des représentants des dix-huit maisons de courrier d'Osaka où il a été décidé du bannissement d'un transporteur ayant détourné un ryō dont il avait la charge, Hachiemon Tanbaya emmène un Chubei récalcitrant à Shinmachi, le quartier des plaisirs, dans la maison Tsuchiya.